mardi 8 janvier 2008

Les élections américaines et l'Irak

Les élections aux États-Unis se joueront-elles sur le thème de la guerre en Irak ? Oui, si l'on en croit la presse européenne, qui tend toujours à présenter le conflit comme un bourbier inextricable. Non, si l'on en croit la presse américaine, qui brosse un autre portrait des préoccupations du public. Le ralentissement de l'économie, les soins médicaux ou encore l'immigration semblent ainsi des thèmes qui ont gagné en importance, sans d'ailleurs qu'il soit possible d'en déduire un avantage pour l'un ou l'autre des partis dominants. Toutefois, selon les candidats qui émergeront des primaires en cours, l'Irak pourrait redevenir le thème principal de discorde et de débat.

A l'heure actuelle, toutefois, on parle moins de l'Irak dans les médias américains parce que le sujet ne se prête plus au même traitement : la forte réduction des pertes militaires américaines, couplée à la diminution générale des violences, montrent une amélioration de la situation qui contredit les jugements définitifs et catastrophistes d'une grande partie des médias traditionnels. Et comme la patiente et difficile campagne de contre-insurrection menée par le général Petraeus a réduit ces faits saillants qui ont le potentiel de mobiliser l'attention du public, elle passe à l'arrière-plan. Ce qui diminue d'autant la pression pour un changement de stratégie, comme un retrait complet de l'Irak, au lieu de la progressive diminution des troupes aujourd'hui engagée après la montée en puissance orchestrée en 2007.

Quoi qu'il en soit, il serait faux de croire que les affirmations des candidats républicains et démocrates ont un rapport étroit avec ce que fera la future administration au Moyen-Orient : l'engagement en Irak est en effet tellement décisif pour les intérêts américains, en tant que point d'entrée via un pays charnière, qu'un abandon de toute présence militaire n'a tout simplement aucun sens. C'est au contraire une présence accrue hors des frontières nationales qui caractérise l'emploi des armées à l'ère de la globalisation, en tant que défense avancée, facteur de stabilisation, troupe d'interdiction ou vecteur diplomatique. Il faut avoir une opinion bien biaisée pour ne pas voir la continuité de la politique américaine dans cette région (par opposition notamment avec l'Afghanistan et les Philippines).

Il n'en demeure pas moins que le choix du candidat et son message-clef sur l'Irak, tout comme sur l'Afghanistan, aura une influence considérable sur les ennemis des États-Unis. Voici un peu plus de 3 ans, ces mêmes ennemis avaient durement encaissé la réélection de George W. Bush, qui garantissait la poursuite d'une lutte menée à proximité immédiate de leur centre de gravité. De même, la relance de la campagne irakienne par le déploiement hautement visible de renforts, l'an dernier, a vivement affecté les perceptions concernant l'attitude américaine à moyen et long terme. L'élection d'un candidat véhiculant ouvertement un message anti-guerre, oscillant entre l'isolationnisme et l'angélisme, aurait certainement l'effet inverse et serait un encouragement à poursuivre la lutte contre les États-Unis et leur alliés - où qu'ils soient...

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Vu d'ici, on dirait surtout que c'est l'Iran qui devient à la mode, non ?

Ludovic Monnerat a dit…

Oui, surtout avec l'incident qui s'est produit cette semaine dans le Golfe Persique. Malgré cela, avec l'engagement militaire, politique et économique des États-Unis en Irak, cela restera quoi qu'il en soit un sujet important...

JP Chevallier a dit…

Vous avez raison quand vous écrivez : "Le ralentissement de l'économie, les soins médicaux ou encore l'immigration" sont les principales préoccupations des Américains
les problèmes militaires et de stratégie sont maintenant secondaires
si le candidat républicain est élu, ce sera très positif dans votre optique

JP Chevallier a dit…

J'ai explicité mon commentaire dans mon dernier billet sur mon blog :
http://www.jpchevallier.com/article-15613423.html

Anonyme a dit…

En matiére de politique étrangére, j'ai l'impression que nos médias d'Europe ne se focalise pas non plus sur les propositions des candidats.

Anonyme a dit…

Quel est le devenir de tout le Moyen-Orient à moyen et long termes ?
Bien malin qui pourra le dire !

A moins que Monsieur Monnerat a une idée ou un apperçu sur cette Région ?

De Maeyer Luc