dimanche 16 novembre 2008

États-Unis : la fin des délires ?

La longue campagne électorale américaine et la manière dont les médias européens l'ont suivie en général ont naturellement été, ces derniers mois, une source inépuisable d'étonnement et de consternation par tant d'aveuglement et de simplisme. A une époque où Internet permet de consulter librement la presse d'un pays concerné, il faut d'ailleurs se demander quel intérêt peuvent bien revêtir ces "correspondants à Washington" (ou, pire, à New York) qui ne font que reproduire la couverture biaisée de la majorité pro-démocrate des médias traditionnels (qui ont commencé à admettre, du reste, après l'élection).

En revanche, il est un aspect frappant du manichéisme médiatique qui retient l'attention : alors que depuis presque 8 ans George W. Bush est présenté comme le summum de la bêtise, de l'obscurantisme et de la haine, en bref comme la source de tous les maux, Barack Obama a rapidement été paré des attributs propres à l'intelligence, à la modernité et au respect, étant même érigé en symbole de tout ce que l'Amérique a de bien. D'un côté le Mal (et pas malin, en plus !) et de l'autre le Sauveur. Faut-il donc s'étonner qu'au lendemain de son élection certains de nos médias se demandaient si Obama pourra sauver le monde ?

Cette rhétorique messianique, qui justifie tous les raccourcis et tous les accomodements avec la réalité pour atteindre l'hagiographie, est ainsi le syndrome inverse de la diabolisation de Bush et consorts. Il lui succède de façon logique : pour tirer un trait définitif sur un Mal épouvantable, il fallait un Bien hors commun - et peu importe que ce dernier doive beaucoup à l'imaginaire et s'applique à un homme dont finalement on ne sait pas grand chose. Le délire anti-Bush a mené à l'adoration pro-Obama. A la différence près que l'un et l'autre font abstraction des intérêts caractérisant les États-Unis, lesquels ne vont pas changer fondamentalement d'une administration à l'autre.

Ainsi, à moins qu'il ne soit exclusivement paré de vertus proprement hors du commun des mortels, ce dont je me permets tout de même de douter, Barack Obama va forcément commettre des erreurs et décevoir son monde (ce qui n'est pas synonyme). Et derrière la carrière présidentielle du candidat le plus chèrement élu de l'histoire américaine se profile donc un retour progressif à la réalité, au sein des opinions publiques et plus encore chez ceux qui les façonnent. Évidemment, il faudra bien une génération pour obtenir une vision dépassionnée de la présidence de George W. Bush, mais la fin des délires est en soi une étape thérapeutique essentielle.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Rappelons que, lors de sa première élection, G. W. Bush a aussi été plus qu'encensé, de même qu'au lendemain des attentats du 11 septembre. B. Obama, à l'image des présidents précédent (démocrates comme républicains) va commencer sa lente et inexorable descente le jour de son accession à la présidence. Bis repetitas.

Anonyme a dit…

Vous avez raison en soulignant que la politique des USA ne change pas fondamentalement.Les USA sont totalement souverains et n'acceptent pas les traités permanents les contraignant y compris internationaux, qui limiteraient la volonté de leur peuple et son droit à changer de politique.
Ce qui fait horreur à une certaine élite Européenne (non élue), c'est la non adhésion au socialisme et à un systeme politically correct supranational, ou encore au tiers mondisme (proarabe par exemple). C'est aussi l'adhésion totale à la liberté d'expression et de la souveraineté du peuple qui pense ce qu'il veut, et en plus une vraie puissance militaire qui souligne l'impuissance des européens.
M Bush représentant ceci, il était haï au dela de toute limite.Obama parait épouser les thèses européistes mais il n'en est rien et il n'est pas seul a gouverner au USA: le congrès y prime.